L’ESCLAVAGE EST UNE PRATIQUE EUROPÉENNE : Vrai ou faux?
PRÉFACE DE PIERRE BARON DIRECTEUR DE LA RÉDACTION D’HISTORIA
Le propre des idées reçues est qu’elles ne le sont quasiment jamais par hasard. L’histoire officielle, celle que les vainqueurs seuls écrivent, a toutes les chances d’être passée par là. En lançant ce qui n’était alors qu’une rubrique dans Historicité voulais montrer à quel point nous en étions toutes et tous, peu ou prou, imprégnés bien malgré nous. Souvent dès l’école. La lecture de ces pages devrait vous en convaincre aisément.
L’idée reçue dérange car elle révèle bien souvent un savoir erroné. C’est surtout vrai en ce qui concerne les religions (y compris pour le christianisme), mais on peut étendre cette méconnaissance à bien d’autres domaines. Le maître en la matière, souvent imité, jamais égalé, est un certain Gustave Flaubert. Son Dictionnaire des idées reçues abonde en clichés navrants, colportés aussi bien aux comptoirs que dans les dîners mondains, sur l’histoire, la politique, la médecine ou les arts. Justes dans leur charme féroce. Pertinents parce qu’impertinents. Un régal, certes un peu cruel, comme celui des micros-trottoirs, mais toujours opérant.
L’idée reçue est d’autant plus insidieuse quelle s’admet facilement : on ne la remet pas en cause. Pire : elle est donnée et reçue comme ayant force de vérité.
L’idée reçue a son mérite. Celle ou celui qui la réfute avec argument fait toujours son petit effet en société. Essayez, vous verrez. Vous allez pouvoir en étonner plus d’un. A commencer par vous-même ! C’est garanti. Sceptique ? Jetez donc un petit coup d’œil au sommaire de cet ouvrage.
L’ESCLAVAGE EST UNE PRATIQUE EUROPÉENNE
Le trafic organisé à partir du XVIIe siècle, entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique, réduit en esclavage des millions d’individus. Pour la première fois dans l’histoire : FAUX
C’est en Mésopotamie que l’on trouve la trace la plus ancienne de l’esclavage, dans le code d’Hammourabi, l’un des plus vieux ensembles de lois écrites retrouvé. Rédigé à l’initiative du roi de Babylone, Hammourabi, en 1750 av. J-C, ce document recense trois groupes sociaux : les hommes libres, les subalternes et les esclaves. L’esclavage est commun à toute l’humanité et apparaît avec la sédentarisation et le début de l’urbanisation. Les esclaves sont à l’origine des prisonniers de guerre ou des prisonniers pour dette. L’Egypte pharaonique a recours à de nombreux esclaves, notamment hébreux, qui sont alloués aux temples, affectés au service de la maison royale ou intégrés à l’armée.
Les sociétés de la Grèce et de la Rome antique font reposer toute leur économie sur eux, entre 30 % et 40 % de la population de la ville de Rome à l’apogée de l’empire étant de nature servile. Aristote, dans La Politique, justifie même cette situation :
« Il est évident qu’il y a par nature des hommes qui sont libres et d’autres qui sont esclaves, et que pour ceux-ci, la condition servile est à la fois avantageuse et juste. » Justification philosophique, mais aussi religieuse.
Le Lévitique, un des livres de la Bible, autorise sans réserve l’esclavage des non-Juifs et limite à sept ans la durée pendant laquelle un Juif peut être tenu en cet état. Le Coran (sourate XVI, dite « des Abeilles »), déclare que seuls sont esclaves les enfants d’esclaves et les prisonniers de guerre. Il autorise en outre la réduction en esclavage de quiconque est originaire d’un pays non musulman.
La traite arabe commence en 652, vingt ans après la mort de Mahomet. Dans les premiers temps de la conquête, les esclaves proviennent des tribus du Caucase mais sont aussi achetés à d marchands vénitiens ou génois qui font commerce des prisonniers en provenance des pays slaves, encore païens. Venise devient, en plein Moyen Âge, un marché florissant, une plaque tournante entre entre les pays situés au-delà de la mer Noire, l’Asie et les côtes d’Afrique du Nord. Les harems se remplissent de Circassiennes. Pour les travaux artisanaux et agricoles, on utilise de nombreux esclaves en provenance de l’Europe méditerranéenne et surtout d’Afrique noire, où l’esclavage est également pratiqué. Des razzias sont régulièrement menées entre le XVIe et le XVIIIe siècle sur les rivages européens. Ces esclaves sont maltraités, souvent mutilés et castrés.
Un million d’Européens, entre 12 millions et 18 millions d’Africains sont ainsi déportés, presque autant que lors de la traite européenne, qui, en rationalisant l’esclavage au XVI siècle avec le commerce triangulaire, sera à l’origine du déplacement de 12 millions à 20 millions d’hommes et de femmes en Amérique.
Si l’esclavage n’est pas une invention européenne, c’est sur le Vieux Continent que la lutte contre sa pratique a débuté. La Convention l’abolit le 4 février 1794 avant que Bonaparte ne le rétablisse en 1802. Victor Schoelcher, sous la IIe République, fera voter son abolition le 27 avril 1848.
150 IDEES RECUES SUR L’HISTOIRE- TOSSERI Olivier : Marco Polo découvre la Chine- First Histoire – pp. 210-211
L’ESCLAVAGE EST UNE PRATIQUE EUROPÉENNE : Vrai ou faux?
PRÉFACE DE PIERRE BARON DIRECTEUR DE LA RÉDACTION D’HISTORIA
Le propre des idées reçues est qu’elles ne le sont quasiment jamais par hasard. L’histoire officielle, celle que les vainqueurs seuls écrivent, a toutes les chances d’être passée par là. En lançant ce qui n’était alors qu’une rubrique dans Historicité voulais montrer à quel point nous en étions toutes et tous, peu ou prou, imprégnés bien malgré nous. Souvent dès l’école. La lecture de ces pages devrait vous en convaincre aisément.
L’idée reçue dérange car elle révèle bien souvent un savoir erroné. C’est surtout vrai en ce qui concerne les religions (y compris pour le christianisme), mais on peut étendre cette méconnaissance à bien d’autres domaines. Le maître en la matière, souvent imité, jamais égalé, est un certain Gustave Flaubert. Son Dictionnaire des idées reçues abonde en clichés navrants, colportés aussi bien aux comptoirs que dans les dîners mondains, sur l’histoire, la politique, la médecine ou les arts. Justes dans leur charme féroce. Pertinents parce qu’impertinents. Un régal, certes un peu cruel, comme celui des micros-trottoirs, mais toujours opérant.
L’idée reçue est d’autant plus insidieuse quelle s’admet facilement : on ne la remet pas en cause. Pire : elle est donnée et reçue comme ayant force de vérité.
L’idée reçue a son mérite. Celle ou celui qui la réfute avec argument fait toujours son petit effet en société. Essayez, vous verrez. Vous allez pouvoir en étonner plus d’un. A commencer par vous-même ! C’est garanti. Sceptique ? Jetez donc un petit coup d’œil au sommaire de cet ouvrage.
L’ESCLAVAGE EST UNE PRATIQUE EUROPÉENNE
Le trafic organisé à partir du XVIIe siècle, entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique, réduit en esclavage des millions d’individus. Pour la première fois dans l’histoire : FAUX
C’est en Mésopotamie que l’on trouve la trace la plus ancienne de l’esclavage, dans le code d’Hammourabi, l’un des plus vieux ensembles de lois écrites retrouvé. Rédigé à l’initiative du roi de Babylone, Hammourabi, en 1750 av. J-C, ce document recense trois groupes sociaux : les hommes libres, les subalternes et les esclaves. L’esclavage est commun à toute l’humanité et apparaît avec la sédentarisation et le début de l’urbanisation. Les esclaves sont à l’origine des prisonniers de guerre ou des prisonniers pour dette. L’Egypte pharaonique a recours à de nombreux esclaves, notamment hébreux, qui sont alloués aux temples, affectés au service de la maison royale ou intégrés à l’armée.
Les sociétés de la Grèce et de la Rome antique font reposer toute leur économie sur eux, entre 30 % et 40 % de la population de la ville de Rome à l’apogée de l’empire étant de nature servile. Aristote, dans La Politique, justifie même cette situation :
« Il est évident qu’il y a par nature des hommes qui sont libres et d’autres qui sont esclaves, et que pour ceux-ci, la condition servile est à la fois avantageuse et juste. » Justification philosophique, mais aussi religieuse.
Le Lévitique, un des livres de la Bible, autorise sans réserve l’esclavage des non-Juifs et limite à sept ans la durée pendant laquelle un Juif peut être tenu en cet état. Le Coran (sourate XVI, dite « des Abeilles »), déclare que seuls sont esclaves les enfants d’esclaves et les prisonniers de guerre. Il autorise en outre la réduction en esclavage de quiconque est originaire d’un pays non musulman.
La traite arabe commence en 652, vingt ans après la mort de Mahomet. Dans les premiers temps de la conquête, les esclaves proviennent des tribus du Caucase mais sont aussi achetés à d marchands vénitiens ou génois qui font commerce des prisonniers en provenance des pays slaves, encore païens. Venise devient, en plein Moyen Âge, un marché florissant, une plaque tournante entre entre les pays situés au-delà de la mer Noire, l’Asie et les côtes d’Afrique du Nord. Les harems se remplissent de Circassiennes. Pour les travaux artisanaux et agricoles, on utilise de nombreux esclaves en provenance de l’Europe méditerranéenne et surtout d’Afrique noire, où l’esclavage est également pratiqué. Des razzias sont régulièrement menées entre le XVIe et le XVIIIe siècle sur les rivages européens. Ces esclaves sont maltraités, souvent mutilés et castrés.
Un million d’Européens, entre 12 millions et 18 millions d’Africains sont ainsi déportés, presque autant que lors de la traite européenne, qui, en rationalisant l’esclavage au XVI siècle avec le commerce triangulaire, sera à l’origine du déplacement de 12 millions à 20 millions d’hommes et de femmes en Amérique.
Si l’esclavage n’est pas une invention européenne, c’est sur le Vieux Continent que la lutte contre sa pratique a débuté. La Convention l’abolit le 4 février 1794 avant que Bonaparte ne le rétablisse en 1802. Victor Schoelcher, sous la IIe République, fera voter son abolition le 27 avril 1848.
150 IDEES RECUES SUR L’HISTOIRE- TOSSERI Olivier : Marco Polo découvre la Chine- First Histoire – pp. 210-211