Houphouët, Premier ministre de la Côte d’Ivoire depuis le 30 avril 1919, c’est-à-dire huit mois avant l’acquisition du domaine de San Pedro par le jeune État ivoirien, n’est pas sans connaître l’histoire de cette portion du territoire chèrement acquise, doublement délivrée du joug colonial. C’est depuis décembre 1959 qu’il lui arrive de songer à ce qu’il faut en faire, dans le cadre d’un plan global de mise en valeur du pays.
TRAVAUX DE CONSTRUCTION DU PORT DE SAN – PEDROEN 1969 (Image d’illustration)
Le sud-ouest présentait alors trois grandes caractéristiques : son isolement, son manque absolu d’infrastructures, la faible densité de sa population. Ces caractéristiques s’étaient conjuguées pour favoriser la mise en place d’une ressource majeure, la forêt. Celle-ci faisait du pays une vaste région délaissée, d’environ 30 000 km² dont la maigre activité économique restait entièrement basée sur la production sylvicole, notamment celle de quelques espèces de bois précieux et flottables.
Il y avait un triple intérêt à aménager une telle région. Premièrement elle pouvait offrir une solution à l’accroissement démographique de la Côte d’Ivoire, en accueillant notamment des ressortissants des régions surpeuplées du nord et les populations du centre devenues de véritables déguerpis après la mise en eau de la retenue de Kossou.
L’aménagement du sud-ouest présentait un deuxième intérêt. Il pouvait permettre de mettre en valeur un potentiel économique susceptible de s’étendre bien au-delà de la production sylvicole. Celle-ci, encore au début de la décennie 1970, ne se limitait qu’à l’exploitation des grumes. Aucune raison ne justifiait une telle restriction. Pourquoi ne pouvait-on, par exemple, produire également des bois débités ? « Jusqu’à présent, se plaignait d’ailleurs Emmanuel DIOULO dans un article en date de janvier 1975, l’exploitation de la forêt se présentait sous la forme presque exclusive d’exploitation de grumes.
Cette situation était loin d’être satisfaisante sur le plan du développement de l’économie régionale. C’est la raison pour laquelle la mise en valeur des ressources forestières aura désormais pour objectif essentiel la valorisation maximale des produits, ce qui suppose une augmentation du volume du bois utilisé à l’hectare et sa transformation sur place la plus élaborée possible, en produits finis et semi-finis. »
Outre la production de bois en grumes ou débités, l’agriculture pouvait également se développer dans cette région verdoyante et, qu’elle fût vivrière ou de rente, être diversifiée. L’industrialisation était une autre possibilité, notamment à travers la création d’une usine de pâte à papier, dont on avait d’ailleurs fixé la réalisation en 1977, après la fin des études et la constitution du dossier technique en 1976. Emmanuel DIOULO assurait encore, toujours en 1975, que l’inventaire du périmètre papetier effectué par le Centre technique forestier tropical (CTFT) révélait une capacité en feuillus tropicaux exploitables pour la pâte à papier supérieure aux prévisions et que trois années de plantations expérimentales avaient permis de tester les essences ayant la meilleure croissance ». On pouvait enfin procéder, dans cette région, à l’exploitation d’un sous-sol qu’on Savait riche en quartz et en minerai de fer, notamment dans la région de Man.
L’aménagement du sud-ouest présentait un troisième intérêt, la possibilité qu’il offrirait d’évacuer plus aisément la production économique, plombée jusque-là par la longue distance entre les lieux d’exploitation et le port d’Abidjan.
Ces considérations n’échappent évidemment pas au gouvernement d’Abidjan, et là, Houphouët n’est pas de ceux qui peuvent y être le moins sensible. N’avait-il pas vécu autrefois dans l’ouest, l’arrière- pays de San Pedro ? C’était d’ailleurs là qu’il avait entrepris, en janvier et février 1960, une de ses dernières tournées de l’immédiat avant l’indépendance.
Au cours de cette tournée, il n’avait cessé d’exhorter ses interlocuteurs à prendre une part active dans les performances agricoles.
In LA CONSTRUCTION DE LA CÔTE D’IVOIRE (1960 – 1993) « CHAPITRE 21 : SAN PEDRO, LE PARI DE NOTRE FOI EN L’AVENIR » pp. 435 – 437
UN PÔLE DE DEVELOPPEMENT SOCIO – ECONOMIQUE
Houphouët, Premier ministre de la Côte d’Ivoire depuis le 30 avril 1919, c’est-à-dire huit mois avant l’acquisition du domaine de San Pedro par le jeune État ivoirien, n’est pas sans connaître l’histoire de cette portion du territoire chèrement acquise, doublement délivrée du joug colonial. C’est depuis décembre 1959 qu’il lui arrive de songer à ce qu’il faut en faire, dans le cadre d’un plan global de mise en valeur du pays.
TRAVAUX DE CONSTRUCTION DU PORT DE SAN – PEDRO EN 1969 (Image d’illustration)
Le sud-ouest présentait alors trois grandes caractéristiques : son isolement, son manque absolu d’infrastructures, la faible densité de sa population. Ces caractéristiques s’étaient conjuguées pour favoriser la mise en place d’une ressource majeure, la forêt. Celle-ci faisait du pays une vaste région délaissée, d’environ 30 000 km² dont la maigre activité économique restait entièrement basée sur la production sylvicole, notamment celle de quelques espèces de bois précieux et flottables.
Il y avait un triple intérêt à aménager une telle région. Premièrement elle pouvait offrir une solution à l’accroissement démographique de la Côte d’Ivoire, en accueillant notamment des ressortissants des régions surpeuplées du nord et les populations du centre devenues de véritables déguerpis après la mise en eau de la retenue de Kossou.
L’aménagement du sud-ouest présentait un deuxième intérêt. Il pouvait permettre de mettre en valeur un potentiel économique susceptible de s’étendre bien au-delà de la production sylvicole. Celle-ci, encore au début de la décennie 1970, ne se limitait qu’à l’exploitation des grumes. Aucune raison ne justifiait une telle restriction. Pourquoi ne pouvait-on, par exemple, produire également des bois débités ? « Jusqu’à présent, se plaignait d’ailleurs Emmanuel DIOULO dans un article en date de janvier 1975, l’exploitation de la forêt se présentait sous la forme presque exclusive d’exploitation de grumes.
Cette situation était loin d’être satisfaisante sur le plan du développement de l’économie régionale. C’est la raison pour laquelle la mise en valeur des ressources forestières aura désormais pour objectif essentiel la valorisation maximale des produits, ce qui suppose une augmentation du volume du bois utilisé à l’hectare et sa transformation sur place la plus élaborée possible, en produits finis et semi-finis. »
Outre la production de bois en grumes ou débités, l’agriculture pouvait également se développer dans cette région verdoyante et, qu’elle fût vivrière ou de rente, être diversifiée. L’industrialisation était une autre possibilité, notamment à travers la création d’une usine de pâte à papier, dont on avait d’ailleurs fixé la réalisation en 1977, après la fin des études et la constitution du dossier technique en 1976. Emmanuel DIOULO assurait encore, toujours en 1975, que l’inventaire du périmètre papetier effectué par le Centre technique forestier tropical (CTFT) révélait une capacité en feuillus tropicaux exploitables pour la pâte à papier supérieure aux prévisions et que trois années de plantations expérimentales avaient permis de tester les essences ayant la meilleure croissance ». On pouvait enfin procéder, dans cette région, à l’exploitation d’un sous-sol qu’on Savait riche en quartz et en minerai de fer, notamment dans la région de Man.
L’aménagement du sud-ouest présentait un troisième intérêt, la possibilité qu’il offrirait d’évacuer plus aisément la production économique, plombée jusque-là par la longue distance entre les lieux d’exploitation et le port d’Abidjan.
Ces considérations n’échappent évidemment pas au gouvernement d’Abidjan, et là, Houphouët n’est pas de ceux qui peuvent y être le moins sensible. N’avait-il pas vécu autrefois dans l’ouest, l’arrière- pays de San Pedro ? C’était d’ailleurs là qu’il avait entrepris, en janvier et février 1960, une de ses dernières tournées de l’immédiat avant l’indépendance.
Au cours de cette tournée, il n’avait cessé d’exhorter ses interlocuteurs à prendre une part active dans les performances agricoles.
In LA CONSTRUCTION DE LA CÔTE D’IVOIRE (1960 – 1993) « CHAPITRE 21 : SAN PEDRO, LE PARI DE NOTRE FOI EN L’AVENIR » pp. 435 – 437