150 IDÉES REÇUES SUR L’HISTOIRE

GUTENBERG A INVENTÉ L’IMPRIMERIE : Vrai ou faux?

PRÉFACE DE PIERRE BARON DIRECTEUR DE LA RÉDACTION D’HISTORIA

      Le propre des idées reçues est qu’elles ne le sont quasiment jamais par hasard.  L’histoire officielle, celle que les vainqueurs seuls écrivent, a toutes les chances d’être passée par là. En lançant ce qui n’était alors qu’une rubrique dans Historicité voulais montrer à quel point nous en étions toutes et tous, peu ou prou, imprégnés bien malgré nous. Souvent dès l’école. La lecture de ces pages devrait vous en convaincre aisément.

           L’idée reçue dérange car elle révèle bien souvent un savoir erroné. C’est surtout vrai en ce qui concerne les religions (y compris pour le christianisme), mais on peut étendre cette méconnaissance à bien d’autres domaines. Le maître en la matière, souvent imité, jamais égalé, est un certain Gustave Flaubert. Son Dictionnaire des idées reçues abonde en clichés navrants, colportés aussi bien aux comptoirs que dans les dîners mondains, sur l’histoire, la politique, la médecine ou les arts.  Justes dans leur charme féroce. Pertinents parce qu’impertinents.  Un régal, certes un peu cruel, comme celui des micros-trottoirs, mais toujours opérant.

L’idée reçue est d’autant plus insidieuse quelle s’admet facilement : on ne la remet pas en cause. Pire : elle est donnée et reçue comme ayant force de vérité.

L’idée reçue a son mérite.  Celle ou celui qui la réfute avec argument fait toujours son petit effet en société.  Essayez, vous verrez.  Vous allez pouvoir en étonner plus d’un.  A commencer par vous-même ! C’est garanti. Sceptique ? Jetez donc un petit coup d’œil au sommaire de cet ouvrage.

GUTENBERG A INVENTÉ L’IMPRIMERIE

Il revient à cet artisan de Mayence le mérite d’avoir | publié, en 1452, le tout premier ouvrage à l’aide de | caractères mobiles en métal : FAUX

L’impression a vu le jour en Asie, avant d’être à nouveau « découverte » et perfectionnée en Europe. L’invention capitale est celle du papier, en 105 apr. J.-C. en Chine. Elle ouvre la voie à une plus grande, plus facile et moins coûteuse production de livres. À la gravure sur pierre et à la copie manuelle s’ajoute la xylographie pratiquée notamment en Chine, puis en Corée et au Japon au VII siècle. Ce procédé de gravure utilise une tablette de bois comme empreinte d’une image pouvant être reproduite par estampage (ou impression).

La xylographie désigne les gravures d’images ou de textes produites avant l’invention et la diffusion de l’imprimerie. La technique est perfectionnée au XI siècle avec des essais d’impression au moyen de caractères mobiles en terre cuite, mais qui ne peuvent être réutilisés. Ils auraient été mis au point vers 1041-1048 par Bi Sheng, un forgeron alchimiste. Mais le coût élevé et la nécessité d’une main-d’œuvre trop importante empêchent le développement de cette technique en Chine. C’est par contre en Corée que les caractères mobiles métalliques voient le jour vers 1234 et se répandent sous l’impulsion des pouvoirs publics.

  Le plus ancien livre imprimé à partir de caractères mobiles en métal date de 1377. L’impression connaît un lot formidable essor au XV siècle sous le roi coréen Htai-Tjong qui promulgue un décret en 1403 stipulant que « Pour gouverner il faut répandre la connaissance des lois et des livres de façon à remplir la raison et à rendre droit le cœur des hommes. Je veux qu’avec du cuivre on fabrique des caractères qui serviront pour l’impression, de façon à étendre la diffusion des livres : ce sera un avantage sans limites. »

    Trois fontes de caractères ont lieu en 1403, 1420 et 1434 précédant l’invention de l’imprimerie en Europe en 1439. Ces techniques ne suscitent pas 1 intérêt des Européens, qui en prennent pourtant connaissance par les imprimés que rapportent les marchands. Même Marco Polo qui s’émerveille des billets de banque qu’il observe en Chine, ne s’interroge pas sur leur impression au moyen de planches gravées.

    C’est à l’Allemand Johannes Gutenberg (v. 1400-1468) que l’on doit le perfectionnement ou la redécouverte de ces techniques venues d’Asie.  Il met au point les caractères mobiles en plomb reproductibles et utilisables à l’infini, une nouvelle encre d’impression et la presse à imprimer. Il est ainsi considéré comme le père de la typographie moderne grâce à sa Bible dite à « quarante-deux lignes » imprimée à Mayence entre 1452 et 1456 et considérée comme le premier livre réalisé en Europe à l’aide de caractères mobiles. Cet ouvrage est tiré à 180 exemplaires environ :  48 ont été conservés jusqu’à aujourd’hui, notamment en Allemagne.  Mais on en trouve trois volumes à la Bibliothèque nationale (dont un sur vélin), un à la Bibliothèque Mazarine, un à Saint-Omer. Et même un au fin fond du Japon !

 Le renouveau culturel de la Renaissance qui s’amorce au même moment nécessite une production et une diffusion d’ouvrages plus importantes et moins onéreuses. L’Europe connaît alors une « révolution du livre » qui se répand lentement mais dès lors inexorablement.

150 IDEES RECUES SUR L’HISTOIRE- TOSSERI Olivier : Marco Polo découvre la Chine- First Histoire – pp. 122-123

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