150 IDÉES REÇUES SUR L’HISTOIRE

MARCO POLO DÉCOUVRE LA CHINE : Vrai ou Faux?

PRÉFACE DE PIERRE BARON DIRECTEUR DE LA RÉDACTION D’HISTORIA

      Le propre des idées reçues est qu’elles ne le sont quasiment jamais par hasard.  L’histoire officielle, celle que les vainqueurs seuls écrivent, a toutes les chances d’être passée par là. En lançant ce qui n’était alors qu’une rubrique dans Historicité voulais montrer à quel point nous en étions toutes et tous, peu ou prou, imprégnés bien malgré nous. Souvent dès l’école. La lecture de ces pages devrait vous en convaincre aisément.

           L’idée reçue dérange car elle révèle bien souvent un savoir erroné. C’est surtout vrai en ce qui concerne les religions (y compris pour le christianisme), mais on peut étendre cette méconnaissance à bien d’autres domaines. Le maître en la matière, souvent imité, jamais égalé, est un certain Gustave Flaubert. Son Dictionnaire des idées reçues abonde en clichés navrants, colportés aussi bien aux comptoirs que dans les dîners mondains, sur l’histoire, la politique, la médecine ou les arts.  Justes dans leur charme féroce. Pertinents parce qu’impertinents.  Un régal, certes un peu cruel, comme celui des micros-trottoirs, mais toujours opérant.

L’idée reçue est d’autant plus insidieuse quelle s’admet facilement : on ne la remet pas en cause. Pire : elle est donnée et reçue comme ayant force de vérité.

L’idée reçue a son mérite.  Celle ou celui qui la réfute avec argument fait toujours son petit effet en société.  Essayez, vous verrez.  Vous allez pouvoir en étonner plus d’un.  A commencer par vous-même ! C’est garanti. Sceptique ? Jetez donc un petit coup d’œil au sommaire de cet ouvrage.

MARCO POLO DÉCOUVRE LA CHINE

Pour la première fois, un Occidental atteint le pays du Grand Khan, après avoir voyagé des mois. Un exploit sans précédent : FAUX

Guillaume de Rubrouck, un moine franciscain, atteint le premier la cour du Grand Khan (1253-1254) et fait un récit détaillé de son voyage. Dans la première moitié du XIII siècle, les Mongols avaient fait trembler l’Europe. Le fils de Gengis Khan avait pris Moscou en 1238, s’était emparé de Kiev et Zagreb, avait envahi la Pologne et menaçait Vienne. Mais les problèmes de succession qui suivent sa mort, provoquent le repli des Mongols en Asie centrale.  Le risque écarté, l’Occident, alors en pleine croisade, voit dans les hordes des steppes, qui comptent des chrétiens nestoriens, des alliés potentiels contre le monde islamique.  Une première mission est confiée en 1244 par le pape Innocent IV au franciscain Jean de Plan Carpin et au dominicain Ascelin de Crémone, pour exprimer au Grand Khan la désapprobation papale sur les destructions qu’il a commises et l’inviter à rentrer dans le droit chemin. Ce dernier, irrité, répondra en se disant prêt à reconnaître le pape comme son… vassal. Néanmoins une alliance avec les Francs est évoquée.

     En 1246, alors que Louis IX est à Chypre où il dirige la septième croisade, un envoyé mongol lui propose une action militaire commune. Les chrétiens attaqueraient le sultan du Caire tandis que les Mongols se lanceraient à l’assaut du califat de Bagdad. Mais lorsque la délégation du dominicain André de Longjumeau arrive à la cour du Grand Khan, celui – ci vient de mourir et tout est à recommencer. Le moine cependant constate que de nombreux nestoriens entourent le souverain et annonce que la femme du nouvel empereur serait chrétienne.

Saint Louis décide d’envoyer une nouvelle ambassade, qu’il confie au frère Guillaume de Rubrouck. Le roi ne souhaite pas une mission trop officielle. Le franciscain doit conserver de bonnes relations entre les deux cours, rester sur place dans un but d’évangélisation et rapporter tout ce qu’il peut observer et apprendre.

Il quitte Constantinople en 1253 et met trois mois pour parcourir les 3000 kilomètres qui doivent le conduire à Karakoroum, au nord du désert de Gobi, là où réside le Khan Mongku. Le 3 janvier 1254, le voilà enfin devant le petit-fils de Gengis Khan.

Il entre à ses côtés dans Karakoroum, une première pour une ambassade occidentale. L’accueil est chaleureux et Guillaume de Rubrouck peut constater la présence et l’importance de la communauté chrétienne nestorienne, hérésie qui avait atteint l’Asie au Ve siècle. Ses adeptes, bien qu’ayant mauvaise réputation, occupent les fonctions d’interprètes, de fonctionnaires, de ministres, de précepteurs. Le Grand Khan organise une controverse entre musulmans, bouddhistes et chrétiens au cours de laquelle le franciscain voit tous ses rêves d’évangélisation s’évanouir.

       L’ambassade est un échec, les Mongols ne seront pas convertis, pas plus qu’ils ne s’allieront aux Francs. Guillaume de Rubrouck reprend le chemin du retour en 1255 et, ne pouvant joindre Saint Louis, lui envoie le récit de son voyage. Il précède de quarante ans l’arrivée de Marco Polo.

150 IDEES RECUES SUR L’HISTOIRE- ROULLET Antoine : Marco Polo découvre la Chine- First Histoire – pp. 116-117

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