150 IDÉES REÇUES SUR L’HISTOIRE

CHRISTOPHE COLOMB DÉCOUVRE L’AMÉRIQUE : Vrai ou Faux

PRÉFACE DE PIERRE BARON DIRECTEUR DE LA RÉDACTION D’HISTORIA

      Le propre des idées reçues est qu’elles ne le sont quasiment jamais par hasard.  L’histoire officielle, celle que les vainqueurs seuls écrivent, a toutes les chances d’être passée par là. En lançant ce qui n’était alors qu’une rubrique dans Historicité voulais montrer à quel point nous en étions toutes et tous, peu ou prou, imprégnés bien malgré nous. Souvent dès l’école. La lecture de ces pages devrait vous en convaincre aisément.

           L’idée reçue dérange car elle révèle bien souvent un savoir erroné. C’est surtout vrai en ce qui concerne les religions (y compris pour le christianisme), mais on peut étendre cette méconnaissance à bien d’autres domaines. Le maître en la matière, souvent imité, jamais égalé, est un certain Gustave Flaubert. Son Dictionnaire des idées reçues abonde en clichés navrants, colportés aussi bien aux comptoirs que dans les dîners mondains, sur l’histoire, la politique, la médecine ou les arts.  Justes dans leur charme féroce. Pertinents parce qu’impertinents.  Un régal, certes un peu cruel, comme celui des micros-trottoirs, mais toujours opérant.

L’idée reçue est d’autant plus insidieuse quelle s’admet facilement : on ne la remet pas en cause. Pire : elle est donnée et reçue comme ayant force de vérité.

L’idée reçue a son mérite.  Celle ou celui qui la réfute avec argument fait toujours son petit effet en société.  Essayez, vous verrez.  Vous allez pouvoir en étonner plus d’un.  A commencer par vous-même ! C’est garanti. Sceptique ? Jetez donc un petit coup d’œil au sommaire de cet ouvrage.

CHRISTOPHE COLOMB DÉCOUVRE L’AMÉRIQUE

Le 12 octobre 1492, la flotte du Génois touche terre.

Il croit être le premier à avoir atteint la Chine par l’Ouest, puis trouvé sinon le paradis terrestre, du moins un nouveau continent : FAUX

     En 1492, des Européens et peut-être des Chinois l’ont abordée avant lui. Si l’on met de côté les mythes grecs de l’Atlantide ou encore une mention chez Diodore de Sicile au Ier siècle av. J.-C. d’une grande terre qu’un navire phénicien poussé vers l’ouest par la tempête aurait atteint, il reste deux concurrents sérieux face au Génois pour le titre de « découvreur de l’Amérique ». A commencer par les Scandinaves. Ceux-ci ont laissé des traces de leur passage autour de l’an mil, que l’archéologie a mises en évidence. Leif Eriksson atteint les rives de l’actuel Etat du Maine en 1003 et, en 1010, Bjarn Karselfni accoste aux environs de Long Island. Les Chinois, au XVe siècle, auraient approché les côtes américaines par l’est.

   Christophe Colomb, lui, n’a jamais pleinement réalisé avoir découvert un nouveau continent. La lecture de ses récits ou de ses lettres montre que, jusqu’à sa mort, le navigateur resta persuadé d’avoir atteint la Chine ou le Japon, c’est-à-dire les « Indes », qu’il prétend avoir abordés dans une lettre de mars 1493.

         S’il se décrit comme un découvreur, c’est celui des abords d’un continent que Marco Polo dont Colomb était un lecteur assidu avait déjà décrits. En octobre 1492, après sa rencontre avec les premiers « indiens », il écrit dans son journal de bord « […] Je suis résolu d’aller à la terre ferme et à la cité de Guisay remettre les lettres de Vos Altesses au Grand Khan » Guisay est la cité royale chinoise décrite par Marco Polo. Quelques lignes plus haut, en déduit d’après ce que lui disent les Indiens qui lui indiquent Cuba, qu’il est en route vers Cipango, le Japon. Ses certitudes sont un peu ébranlées lors des voyages suivants, mais Colomb n’imagine pas pour autant avoir abordé une terre nouvelle. Son quatrième voyage l’amène selon lui dans la province de « Mago […] qui touche celle de Catayo » là encore la Chine. Mais la question des terres qu’il a découvertes se double d’une lecture prophétique.  « Je suis convaincu que là est le paradis terrestre […] », dit-il à propos de l’embouchure de l’Orénoque. Il rédige à son retour un Livre des prophéties, resté inachevé. Une compilation de citations bibliques, de cosmographes et de prophètes médiévaux dont l’enjeu semble être d’assimiler le Nouveau Monde aux royaumes mythiques de l’Ancien Testament, Tharsis et Ophir, en confrontant son expérience aux indications de la Bible.

À la fin de sa vie, Colomb entrevoit peut-être la possibilité d’avoir découvert de nouvelles terres. Mais il faut encore quelque temps pour que l’idée d’un quatrième continent voie le jour. C’est vraisemblablement Amerigo Vespucci qui lui donne son nom en 1507, dans la préface à l’ouvrage que publie Martin Waldseemüller, l’un des premiers à présenter sur une carte quatre continents. C’était un an après la mort de Colomb…

150 IDEES RECUES SUR L’HISTOIRE- ROULLET Antoine : Magellan a fait le tour du monde- First Histoire – pp. 124-125

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