La célébration du développement social et économique des villes
Après deux fêtes nationales successives dans l’ouest, la Côte d’ivoire politique revient dans l’est, plus précisément le nord-est puisque c’est Bondoukou qui est l’hôte des manifestations du 7 août 1971. La veille de la fête, Fraternité Matin assure que « l’Ivoirien et son hôte peuvent désormais se rendre à Bouaké, à Korhogo, à Daloa, à Abengourou, à Man, à Gagnoa, aujourd’hui à Bondoukou et demain à Odienné, sans souci de logement ni de confort ».
C’est vrai que Bondoukou, dans les domaines de l’urbanisme et de l’assainissement, n’a pas bénéficié de moins de faveurs que ses prédécesseurs. Au pied du mont Zanzan, la société ivoirienne d’expansion touristique et hôtelière, plus connue sous son sigle de SIETHO, une société mixte en voie de transformation en société d’État, a construit un hôtel de 40 chambres, avec une piscine et un night-club. Un complexe sportif flambant neuf, le stade Ali Timité, a été inauguré le 6 août par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Etienne Ahin.
L’ancien marché de la ville a été aménagé en quartier artisanal, où sont exposés tous les objets d’art de la région. L’accès de tous les centres d’attraction est devenu facile grâce au bitumage, au rechargement et à l’éclairage des grandes artères de la ville. Plusieurs bars-restaurants ont ouvert leurs portes, avec parfois des boîtes de nuit : la Baya, le Refuge, la Consolation Laminedjo.
La presse ajoute que « les nouveaux bureaux des Postes et Télécommunications, le Centre technique rural, les jardins publics, les nouveaux villages de Méré, Avouavame, Nassian, Siago, Gouméré et Soko, les jolies villas privées disséminées dans toute la ville, constituent le complément de beauté et de grandeur de Bondoukou, la ville mystérieuse qui, en huit mois, s’est dépouillée de sa vieille peau pour revêtir pour toujours son habit de fête »
En 1972, c’est Abidjan qui doit normalement abriter les manifestations, après cinq années de pérégrinations à l’intérieur. Mais la capitale cède à nouveau le pas à la province. La ville élue est Odienné, dans le nord-ouest. C’est l’indépendance qui permet ici aussi, comme on l’entend dire dans la région, de doter l’agglomération de ses infrastructures de base.
Un stade omnisports, baptisé du nom de Mamadou Coulibaly, a été construit à l’entrée de la ville. Ses caractéristiques sont, à quelques nuances près, les mêmes que celles du stade Ali Timité de Bondoukou : une piste de 400 mètres, avec sept couloirs, un terrain de handball, deux de volley et deux de basket, une rivière pour le steeple, une aire de saut à la perche, saut en hauteur, saut en longueur et triple saut, un terrain de lancer de poids. La tribune officielle est prévue pour mille places assises. C’est une réalisation du Génie militaire ivoirien.
Non loin du stade, a été implanté l’hôtel Dinguélé. Immédiatement après l’inauguration du stade Mamadou Coulibaly à 16h le samedi 5 août, ont lieu celle d’un centre commercial, à la Place Vacaba d’Odienné, et la mise en service d’un cinéma, le Kabadougou.
C’est donc en 1973 seulement que la fête nationale revient à Abidjan. La capitale en devient l’hôte deux années de suite, en 1973 et 1974. La presse officieuse expliquera que « l’État vient d’engager un nouveau pari, celui d’accorder le temps nécessaire à la région choisie (…) pour se préparer, afin que tout se passe dans de bonnes conditions ».
Par ailleurs la célébration de 1974 a lieu le 7 décembre et non plus le 7 août, après l’adoption d’un projet de loi désignant cette date pour une raison inavouée, les préjudices de la saison des pluies au mois d’août. La presse encore justifiera cette nouveauté en invoquant, à travers le 7 décembre, une date symbolique, forgée à partir de deux événements : la proclamation de la République de Côte d’Ivoire le 4 décembre 1958, et la proclamation de l’indépendance le 7 août 1960. « Au premier, expliquera-t-on, on a emprunté le mois (décembre), au second le jour (le 7). »
A ces deux fêtes abidjanaises de 1973 et 1974, ce sont tour à tour les quartiers d’Adjamé et de Vridi qui accueillent les manifestations. Les fonds publics sont également mobilisés pour apporter, là aussi, un certain nombre de conforts, notamment au niveau de l’assainissement.
En 1975, l’intérieur prend à nouveau le relais. C’est Dimbokro, dans le centre-est, qui va accueillir la fête. La ville, chef-lieu de cercle à l’époque coloniale, gare importante sur l’unique ligne ferroviaire du pays, tête de pont d’une grande région productrice de cacao on l’appelle d’ailleurs la « capitale de la boucle du cacao » n’est pas restée sans un minimum d’aménagement. Cependant, c’est le 15ème anniversaire de l’indépendance qui va vraiment provoquer son décollage. Elle se voit dotée d’une nouvelle gare ferroviaire, dont la presse qualifie l’architecture d’avant-gardiste.
On reprochait à l’ancienne gare son manque de salle d’attente et l’exiguïté de son guichet. Non seulement ces lacunes sont désormais comblées, mais en outre un restaurant est ajouté à l’ensemble, pour un coût global de 210 millions de francs cfa. La nouvelle gare, inaugurée le vendredi 5 décembre 1975 par Philippe Yacé, a été construite dans le cadre d’un programme de modernisation et d’extension du réseau ferroviaire, entrepris depuis 1970 par la Régie Abidjan-Niger (RAN) pour un montant total de 88 milliards de francs cfa.
Une enveloppe à peine moins importante que celle de la gaie, 205 millions, a été nécessaire pour la construction du stade Samba Koné Ambroise, dont les travaux avaient démarré le 15 avril 1975, à 1 entrée de la ville. Inauguré le 4 décembre, le complexe offre un terrain de football, deux terrains de volley, deux de basket, un de handball et une piste d’athlétisme. Il a une capacité d’accueil de 20 000 personnes, dont 2000 à la tribune officielle.
C’est à 1 occasion de cette fête qu’a été également inauguré par le président de la République, en face du stade, le complexe industriel de l’UTEXI, important par ses 1500 employés et ses 12 milliards de francs d’investissement. Étalé sur une superficie totale de 420 000 m, il avait déjà une production qui atteignait par mois les 2 millions de métrés cubes de tissus. La quantité annuelle de coton brut consommé était alors estimée à 4500 tonnes, et il était prévu qu’elle fut portée à 12 500 tonnes dans la phase finale d’implantation de l’usine.
Les réalisations suscitées par la fête du 15ème anniversaire de l’indépendance comprennent encore les résidences du chef de l’État et du préfet, les bureaux de la préfecture et de la trésorerie départementale, un marché, une extension de l’hôpital, et l’hôtel Renaissance mis en service par la SIETHO, avec ses trente chambres climatisées, son bar, son restaurant, sa salle de conférence de cinquante places, ses vastes jardins et sa piscine.
Les villas individuelles ne sont pas en reste : dans le quartier de Sokouradian, note Fraternité Matin, on en a construit plus en quelques mois que dans l’ensemble de la ville pendant les cinq dernières années. L’assainissement des quartiers de Commikio et Elaxdi et la construction de l’Avenue des martyrs achèvent de donner à Dimbokro l’allure d’une ville moderne.
Comme Dimbokro, la ville de Séguéla dispose également de deux années pour préparer sa fête nationale. Et c’est Abidjan qui assure la transition, en 1976 avec le quartier de Koumassi, et en 1977 avec une seconde fois le quartier d’Adjamé. Voici donc la représentation nationale tout entière à Séguéla en 1978. La circonstance est plus qu’une aubaine pour une région qui croupissait dans une inanition totale. Houphouët avait entrepris dans le nord de la Côte d’Ivoire, en 1974, une grande tournée qui lui avait ouvert les yeux sut le terrible dénuement dans lequel languissait cette région. Et il avait décidé de faire débloquer en sa faveur un fonds de solidarité de milliards de francs cfa, rapidement mis à disposition par la Caisse de stabilisation.
Le fonds devait intervenir dans trois secteurs essentiels, l’école, la santé, l’agriculture. Les bénéficiaires vont au-delà des villes de Korhogo, Boundiali, Ferkessédougou, Odienné, Katiola et Séguéla qui ont été citées. C’est tout l’arrière-pays de ces agglomérations qui est en effet concerné.
Quatre milliards de ce fonds étaient revenus à Séguéla. Le taux de scolarisation du département ne s’élevait alors qu’à 20 %. Les infrastructures sanitaires étaient trop décentralisées dans les 14 chefs- lieux de sous-préfecture de ce vaste département. L’agriculture se réduisait à quelques cultures vivrières. En 1978, la fête de l’indépendance est l’occasion d’un bilan. Tous les villages centres disposent d’un centre de santé, avec logement du personnel. Un établissement de plus grande importance est construit à Séguéla ville, avec une capacité d’accueil de 200 lits. Un autre de moindre importance puisqu’il ne compte que 46 lits est fixé à Mankono.
L’éducation accusait un décollage visible. Les 350 millions consacrés à l’enseignement primaire avaient servi à la construction de 250 classes nouvelles et 338 logements de maîtres. En 1978, on ne trouve pratiquement plus de village qui n’ait une école de trois, six, neuf ou douze classes.
L’élan pris par l’agriculture n’était pas moins remarquable. La culture du manioc, inconnue dans la région, connaissait une expansion surprenante, avec 1600 ha cultivées en 1977 pour 9600 tonnes de tubercules. La même année, le riz et l’igname, base de l’alimentation, avaient atteint respectivement 6300 et 150 000 tonnes. Le coton, principale culture industrielle du département, était le produit qui avait connu la révolution la plus spectaculaire. La Compagnie ivoirienne de développement du textile (CIDT) assistait directement les paysans intéressés, en leur préparant les blocs culturaux, et surtout en leur fournissant gratuitement, à la demande de l’État, l’encadrement et tous les produits d’entretien. Elle poussait également à l’introduction de méthodes modernes de culture, la culture attelée et mécanisée notamment, en fournissant animaux et machines à des conditions avantageuses. Ainsi, l’exploitation cotonnière finit-elle par devenir l’activité majeure du département. La production totale du Worodougou culminait à 1215 tonnes en 1974. Dès 1978, elle est multipliée par plus de 21, puisqu’elle passe à 25 883 tonnes.
La célébration du développement social et économique des villes
Après deux fêtes nationales successives dans l’ouest, la Côte d’ivoire politique revient dans l’est, plus précisément le nord-est puisque c’est Bondoukou qui est l’hôte des manifestations du 7 août 1971. La veille de la fête, Fraternité Matin assure que « l’Ivoirien et son hôte peuvent désormais se rendre à Bouaké, à Korhogo, à Daloa, à Abengourou, à Man, à Gagnoa, aujourd’hui à Bondoukou et demain à Odienné, sans souci de logement ni de confort ».
C’est vrai que Bondoukou, dans les domaines de l’urbanisme et de l’assainissement, n’a pas bénéficié de moins de faveurs que ses prédécesseurs. Au pied du mont Zanzan, la société ivoirienne d’expansion touristique et hôtelière, plus connue sous son sigle de SIETHO, une société mixte en voie de transformation en société d’État, a construit un hôtel de 40 chambres, avec une piscine et un night-club. Un complexe sportif flambant neuf, le stade Ali Timité, a été inauguré le 6 août par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Etienne Ahin.
L’ancien marché de la ville a été aménagé en quartier artisanal, où sont exposés tous les objets d’art de la région. L’accès de tous les centres d’attraction est devenu facile grâce au bitumage, au rechargement et à l’éclairage des grandes artères de la ville. Plusieurs bars-restaurants ont ouvert leurs portes, avec parfois des boîtes de nuit : la Baya, le Refuge, la Consolation Laminedjo.
La presse ajoute que « les nouveaux bureaux des Postes et Télécommunications, le Centre technique rural, les jardins publics, les nouveaux villages de Méré, Avouavame, Nassian, Siago, Gouméré et Soko, les jolies villas privées disséminées dans toute la ville, constituent le complément de beauté et de grandeur de Bondoukou, la ville mystérieuse qui, en huit mois, s’est dépouillée de sa vieille peau pour revêtir pour toujours son habit de fête »
En 1972, c’est Abidjan qui doit normalement abriter les manifestations, après cinq années de pérégrinations à l’intérieur. Mais la capitale cède à nouveau le pas à la province. La ville élue est Odienné, dans le nord-ouest. C’est l’indépendance qui permet ici aussi, comme on l’entend dire dans la région, de doter l’agglomération de ses infrastructures de base.
Un stade omnisports, baptisé du nom de Mamadou Coulibaly, a été construit à l’entrée de la ville. Ses caractéristiques sont, à quelques nuances près, les mêmes que celles du stade Ali Timité de Bondoukou : une piste de 400 mètres, avec sept couloirs, un terrain de handball, deux de volley et deux de basket, une rivière pour le steeple, une aire de saut à la perche, saut en hauteur, saut en longueur et triple saut, un terrain de lancer de poids. La tribune officielle est prévue pour mille places assises. C’est une réalisation du Génie militaire ivoirien.
Non loin du stade, a été implanté l’hôtel Dinguélé. Immédiatement après l’inauguration du stade Mamadou Coulibaly à 16h le samedi 5 août, ont lieu celle d’un centre commercial, à la Place Vacaba d’Odienné, et la mise en service d’un cinéma, le Kabadougou.
C’est donc en 1973 seulement que la fête nationale revient à Abidjan. La capitale en devient l’hôte deux années de suite, en 1973 et 1974. La presse officieuse expliquera que « l’État vient d’engager un nouveau pari, celui d’accorder le temps nécessaire à la région choisie (…) pour se préparer, afin que tout se passe dans de bonnes conditions ».
Par ailleurs la célébration de 1974 a lieu le 7 décembre et non plus le 7 août, après l’adoption d’un projet de loi désignant cette date pour une raison inavouée, les préjudices de la saison des pluies au mois d’août. La presse encore justifiera cette nouveauté en invoquant, à travers le 7 décembre, une date symbolique, forgée à partir de deux événements : la proclamation de la République de Côte d’Ivoire le 4 décembre 1958, et la proclamation de l’indépendance le 7 août 1960. « Au premier, expliquera-t-on, on a emprunté le mois (décembre), au second le jour (le 7). »
A ces deux fêtes abidjanaises de 1973 et 1974, ce sont tour à tour les quartiers d’Adjamé et de Vridi qui accueillent les manifestations. Les fonds publics sont également mobilisés pour apporter, là aussi, un certain nombre de conforts, notamment au niveau de l’assainissement.
En 1975, l’intérieur prend à nouveau le relais. C’est Dimbokro, dans le centre-est, qui va accueillir la fête. La ville, chef-lieu de cercle à l’époque coloniale, gare importante sur l’unique ligne ferroviaire du pays, tête de pont d’une grande région productrice de cacao on l’appelle d’ailleurs la « capitale de la boucle du cacao » n’est pas restée sans un minimum d’aménagement. Cependant, c’est le 15ème anniversaire de l’indépendance qui va vraiment provoquer son décollage. Elle se voit dotée d’une nouvelle gare ferroviaire, dont la presse qualifie l’architecture d’avant-gardiste.
On reprochait à l’ancienne gare son manque de salle d’attente et l’exiguïté de son guichet. Non seulement ces lacunes sont désormais comblées, mais en outre un restaurant est ajouté à l’ensemble, pour un coût global de 210 millions de francs cfa. La nouvelle gare, inaugurée le vendredi 5 décembre 1975 par Philippe Yacé, a été construite dans le cadre d’un programme de modernisation et d’extension du réseau ferroviaire, entrepris depuis 1970 par la Régie Abidjan-Niger (RAN) pour un montant total de 88 milliards de francs cfa.
Une enveloppe à peine moins importante que celle de la gaie, 205 millions, a été nécessaire pour la construction du stade Samba Koné Ambroise, dont les travaux avaient démarré le 15 avril 1975, à 1 entrée de la ville. Inauguré le 4 décembre, le complexe offre un terrain de football, deux terrains de volley, deux de basket, un de handball et une piste d’athlétisme. Il a une capacité d’accueil de 20 000 personnes, dont 2000 à la tribune officielle.
C’est à 1 occasion de cette fête qu’a été également inauguré par le président de la République, en face du stade, le complexe industriel de l’UTEXI, important par ses 1500 employés et ses 12 milliards de francs d’investissement. Étalé sur une superficie totale de 420 000 m, il avait déjà une production qui atteignait par mois les 2 millions de métrés cubes de tissus. La quantité annuelle de coton brut consommé était alors estimée à 4500 tonnes, et il était prévu qu’elle fut portée à 12 500 tonnes dans la phase finale d’implantation de l’usine.
Les réalisations suscitées par la fête du 15ème anniversaire de l’indépendance comprennent encore les résidences du chef de l’État et du préfet, les bureaux de la préfecture et de la trésorerie départementale, un marché, une extension de l’hôpital, et l’hôtel Renaissance mis en service par la SIETHO, avec ses trente chambres climatisées, son bar, son restaurant, sa salle de conférence de cinquante places, ses vastes jardins et sa piscine.
Les villas individuelles ne sont pas en reste : dans le quartier de Sokouradian, note Fraternité Matin, on en a construit plus en quelques mois que dans l’ensemble de la ville pendant les cinq dernières années. L’assainissement des quartiers de Commikio et Elaxdi et la construction de l’Avenue des martyrs achèvent de donner à Dimbokro l’allure d’une ville moderne.
Comme Dimbokro, la ville de Séguéla dispose également de deux années pour préparer sa fête nationale. Et c’est Abidjan qui assure la transition, en 1976 avec le quartier de Koumassi, et en 1977 avec une seconde fois le quartier d’Adjamé. Voici donc la représentation nationale tout entière à Séguéla en 1978. La circonstance est plus qu’une aubaine pour une région qui croupissait dans une inanition totale. Houphouët avait entrepris dans le nord de la Côte d’Ivoire, en 1974, une grande tournée qui lui avait ouvert les yeux sut le terrible dénuement dans lequel languissait cette région. Et il avait décidé de faire débloquer en sa faveur un fonds de solidarité de milliards de francs cfa, rapidement mis à disposition par la Caisse de stabilisation.
Le fonds devait intervenir dans trois secteurs essentiels, l’école, la santé, l’agriculture. Les bénéficiaires vont au-delà des villes de Korhogo, Boundiali, Ferkessédougou, Odienné, Katiola et Séguéla qui ont été citées. C’est tout l’arrière-pays de ces agglomérations qui est en effet concerné.
Quatre milliards de ce fonds étaient revenus à Séguéla. Le taux de scolarisation du département ne s’élevait alors qu’à 20 %. Les infrastructures sanitaires étaient trop décentralisées dans les 14 chefs- lieux de sous-préfecture de ce vaste département. L’agriculture se réduisait à quelques cultures vivrières. En 1978, la fête de l’indépendance est l’occasion d’un bilan. Tous les villages centres disposent d’un centre de santé, avec logement du personnel. Un établissement de plus grande importance est construit à Séguéla ville, avec une capacité d’accueil de 200 lits. Un autre de moindre importance puisqu’il ne compte que 46 lits est fixé à Mankono.
L’éducation accusait un décollage visible. Les 350 millions consacrés à l’enseignement primaire avaient servi à la construction de 250 classes nouvelles et 338 logements de maîtres. En 1978, on ne trouve pratiquement plus de village qui n’ait une école de trois, six, neuf ou douze classes.
L’élan pris par l’agriculture n’était pas moins remarquable. La culture du manioc, inconnue dans la région, connaissait une expansion surprenante, avec 1600 ha cultivées en 1977 pour 9600 tonnes de tubercules. La même année, le riz et l’igname, base de l’alimentation, avaient atteint respectivement 6300 et 150 000 tonnes. Le coton, principale culture industrielle du département, était le produit qui avait connu la révolution la plus spectaculaire. La Compagnie ivoirienne de développement du textile (CIDT) assistait directement les paysans intéressés, en leur préparant les blocs culturaux, et surtout en leur fournissant gratuitement, à la demande de l’État, l’encadrement et tous les produits d’entretien. Elle poussait également à l’introduction de méthodes modernes de culture, la culture attelée et mécanisée notamment, en fournissant animaux et machines à des conditions avantageuses. Ainsi, l’exploitation cotonnière finit-elle par devenir l’activité majeure du département. La production totale du Worodougou culminait à 1215 tonnes en 1974. Dès 1978, elle est multipliée par plus de 21, puisqu’elle passe à 25 883 tonnes.