LA JEUNESSE DE NAPOLEON

Rien ne prédestinait Napoléon Bonaparte, deuxième fils d’une famille de notables d’Ajaccio, à un si fabuleux destin. Son père, Charles Bonaparte, est le descendant d’une vieille famille noble de Toscane installée en Corse au XVI siècle. Sa mère est Letizia Bonaparte, née Ramolino le 24 août, 1750, issue d’une lignée proche des Génois, qui administrent la Corse depuis le XIII siècle. L’année de leur mariage, en 1764, cinq ans avant la naissance de Napoléon, la République de Gênes cède la souveraineté de l’île à la couronne de France, faisant des Corses des sujets français.

Le peuple corse, rangé derrière son chef, Pascal Paoli, prend alors les armes dès l’annonce de la signature du second traité de Compiègne réglant des détails du transfert de souveraineté. Charles Bonaparte se joint à la lutte aux côtés de Paoli, qu’il seconde lors de la défaite de Ponto – Novo, le 09 Mai 1769. Enceinte deuxième fils après Joseph, né en 1768, Letizia suit son mari au plus près des combats, endurant l’ascension du Monte Rotondo, où les patriotes corses ont trouvé refuge. La tradition orale affirme que la jeune femme, s’adressant à son enfant, aurait répété à plusieurs reprises : « Tu seras le vengeur de la Corse. » Le garçon, né le 15 août 1769, reçoit le prénom de son grand-oncle, héros de guerre disparu en 1767 : Napoleone en vieux toscan, Nabulio en corse. Si l’accouchement s’est passé sans difficultés et presque sans douleurs pour Letizia, l’enfant présente un aspect chétif. Il ne tarde pas à prendre des forces. En grandissant, son tempérament s’affirme : « Dans toute sa petite enfance, il était turbulent, adroit, vif, preste à T extrême. Il avait sur Joseph, son aîné, un ascendant des plus complet. »

(Las Cases)

Napoléon semble très tôt éprouver une attirance pour le métier des armes. En 1771, mettant à profit ses bonnes relations avec le gouverneur français de l’île, le comte de Marbeuf, Charles obtient l’anoblissement de sa famille. Il décide alors d’envoyer ses deux fils aînés en France, ce qui n’est pas chose aisée pour de petits nobles corses. Le 12 décembre 1778, Charles prend la route de la France avec Joseph et Napoléon. Ceux-ci sont placés au collège d’Autun afin qu’ils perfectionnent leur maîtrise de la langue française. Pour la première fois dans leur vie, les deux garçons sont livrés à eux-mêmes. Ils restent quatre mois à Autun, subissant les railleries de leurs camarades qui se moquent de leur accent. De cette solitude soudaine, naît une profonde solidarité fraternelle. Le 31 décembre 1778, une bourse royale est accordée à Napoléon à l’École militaire de Brienne, où il arrive le 15 mai 1779 ; Joseph, destiné à la prêtrise, obtient une place permanente à Brienne. L’entrée dans cet environnement hostile, loin de la quiétude du foyer familial, est un choc pour le garçon de 9ans. Lejeune Napoléon se réfugie dans les études, poussant le travail scolaire à un degré d’excellence qui fait l’admiration de ses maîtres.

Image de la maison natale de Napoléon à Ajaccio (Corse)

Un petit Corse devenu officier du roi

Le 22 septembre, Napoléon réussit brillamment son examen de passage à l’École royale militaire de Paris. La prochaine étape de la formation militaire de Napoléon se déroule à l’École militaire de Paris, où il demeure une année, du 22 octobre 1784au 28 octobre 1785. Son professeur Louis Monge remarque un élève « réservé et laborieux, préfère l’étude à toute espèce d’amusements […] ambitieux et aspirant à tout. » Le 24 février 1785, Charles Bonaparte succombe à un squirre au pylore, laissant la responsabilité de sa famille à ses deux fils aînés. Le 18 septembre 1785, Napoléon passe avec succès l’examen d’officier ; il est l’un des rares élèves à le réussir à l’âge de 16ans et après un séjour d’un an seulement à l’École militaire.  Le jeune Corse choisit de rejoindre l’École d’artillerie de Valence, au sein du régiment de La Fère. Le 12 août 1786, il obtient son congé de semestre. Autorisé à passer six mois sur son île, il va prolonger son séjour et, évoquant un accès de paludisme, y rester presque deux ans.  Le 15 juin 1788, il rejoint son régiment, alors en garnison à Auxonne.  Mais pendant le printemps 1789, les émeutes populaires et les mutineries au sein de l’armée se multiplient.  Napoléon acquiert la certitude que l’évolution du climat politique français va offrir l’indépendance à la Corse.

Le temps des ambitions déçues

Pendant l’été 1790, à la faveur d’un nouveau congé, il entame une carrière politique à Ajaccio. Le 1er avril 1791, au terme d’une campagne électorale musclée, il est élu lieutenant-colonel en second du 2e bataillon de volontaires corses. Envoyé à Paris par Paoli en mai 1792 pour justifier des débordements survenus à Ajaccio, il assiste le 10 août à l’assaut du palais des Tuileries, puis aux massacres contre les royalistes les 6 et 7 septembre. Rentré en Corse, il participe à la campagne de Sardaigne l’année suivante.  Le bataillon de Napoléon occupe l’îlot de la Maddalena le 22 février et les batteries d’artillerie installées sur les hauteurs bombardent efficacement la ville. Mais une mutinerie de marins pousse le commandement à ordonner la retraite. Cet échec cristallise la rivalité entre les partisans de Saliceti, député de Corse, et ceux de Paoli, accusé de trahison par la Convention. La publication d’une lettre de dénonciation hostile à Paoli signée par Lucien, troisième garçon de la fratrie, jette l’opprobre sur le clan Bonaparte. Poussés à l’exil, Letizia et ses enfants, ainsi que son neveu Joseph Fesch, débarquent le 13 juin à Toulon. Napoléon est réintégré au 4 régiment d’artillerie en garnison à Nice, avec le grade de

capitaine. Lors d’une mission de ravitaillement à Avignon en juillet 1793, 11   croise l’armée du général Carteaux, en route pour le siège de Toulon.

In ATLAS HISTORIQUE NAPOLEON 1er : Le stratège qui a marqué l’histoire – 1769 – 1793 La jeunesse de Napoléon – pp.7-10

Articles Similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *